2 mai 2011

Le sens de la justice

Cela n'aura échappé à personne ce matin : Oussama Ben Laden est mort.
Ce n'était pas un type vraiment sympathique, il faut bien le dire, responsable de la mort de milliers de personnes. Faisant tout son possible pour mettre le feu et multiplier les attentats sur n'importe quel sol.
En revanche, si je peux me permettre de pinailler un peu, monsieur Obama se plante un petit peu quand il dit que "Justice a été faite". Parce que qui dit justice dit tribunal. Or là il s'agit d'une exécution. Dans la grande tradition des westerns et de la justice expéditive de ce temps-là.
Je ne dis pas que je regrette la disparition de Ben Laden.
Juste que de la même façon qu'Israël ne se couvre guère d'honneur en "liquidant" (joli terme qui était réservé à un public très viril dans les années 50...) les criminels ou présumés tels à grand renfort de missiles air-sol, les USA ne font pas beaucoup preuve de démocratie et ne se posent pas en exemple à suivre en envoyant un commando héliporté flinguer Oussama...
Ca a un nom plus clair que cette notion de liquide : expédition punitive, élimination, assassinat, exécution sommaire sans aucune forme de procès...
Ce n'est pas de la Justice, ça.
Le vocabulaire est important.
Et dans l'étrange concert médiatico-informatif auquel on a droit depuis ce matin, personne ne dit rien, tout content qu'on est de voir disparaître du paysage médiatique le vilain démon qui nous empêchait de dormir en paix. Je me demande bien si le silence et les applaudissements seraient du même ordre de grandeur si c'était Chavez qui avait donné l'ordre...
Quant à ceux qui manifestent bruyamment et en masse leur joie, je les trouve plutôt pitoyables.
Si si.
Et tant qu'à poursuivre la réflexion sans but, au bout de cette logique de justice, de cette Loi du Talion, il ne peut y avoir qu'un engrenage, une réponse du berger à la bergère... une escalade sans fin.
Ce n'est certainement pas le but, non ?