15 août 2011

Le Grand Coupable

La tentation est grande.
Il faut dire aussi que les dégâts sont considérables et qu'il faut réagir.
Montrer au monde que l'on est là, bien là.
Et qu'on protège, veille, gouverne.
Surveille.
Il faut les comprendre aussi les anglais : ils viennent de vivre le plus grand incendie depuis des années, ils sont dans une misère sociale et économique sans précédent, leur fleuron de la finance part en peau de banane. Et ils ont un gouvernement tout nouveau tout beau, prêt à tout pour justifier son existence et son innocence. Prêt à tout pour en découdre enfin.
Bien sûr qu'il n'y est pour rien ce gouvernement ! Ce n'est pas de sa faute toute de même si quelques jeunes de certains coins mal famés pètent un câble et décident de profiter de tout et n'importe quoi. Plutôt que quoi ? Attendre la fin du mois en finissant leur bière coupée à l'eau ?
Les fous !

Il faut donc agir, réagir, punir, et même prévenir.
Trouver le coupable et frapper.
Fort.
C'est décidé : ce sera Internet et ses réseaux sociaux.
Si si.
Cet espace de liberté et d'anonymat si dangereux. Vous ne vous rendez pas compte ? On peut y dire tout et n'importe quoi. Y faire des trucs hors de tout contrôle. Se faire passer pour un gentil Conservateur en étant en fait un Communiste...
Un vrai terrain de jeu pour terroristes, pédophile et voyous sans foi ni loi.
L'Anarchie à l'état pure, ma pauvre dame.
Et qui ne rapporte pas forcément de l'argent...
Alors on pourra éventuellement couper tout ça. Et le téléphone.
Mais seulement dans des cas exceptionnels, hein ?
Pour le bien de tous, évidemment.

Ah bon ?

Mais quand les dictateurs Tunisiens, Syriens, Egyptiens, Chinois font de même, ce n'est pas une "dangereuse dérive" ?...
La Censure dans ces pays-là n'a rien à voir avec celle dans les notres ?
En vérité il faut aussi avouer que les manifestants Syriens et Chinois sont assez politisés. Eux.
Et que les services d'ordre tirent à balles réelles là-bas. Eux.
Quand c'est pas à obus.
Tandis que les émeutiers de Londres sont eux juste des jeunes cons qui s'ennuient tellement qu'ils préfèrent tout casser pour s'en mettre plein les fouilles.
Deux situations totalement différentes.
Me voilà rassuré.

N'empêche.
Après avoir coupé les tuyaux selon leur bon vouloir, ils vont sans doute nous demander de ne plus être anonymes, de demander un permis de surfer. Pour le bien de nos chères têtes blondes évidemment.
Pourquoi donc préférer faire taire et empêcher de s'organiser les éventuels casseurs (et accessoirement surveiller d'un peu plus près le Bordel 2.0), plutôt que de s'occuper du malaise à la racine et de prévenir le mal dans les rues de Londres ?
Forcément : c'est tout de même plus simple de tourner un bouton que d'embaucher des travailleurs sociaux ou même des flics qui pourraient simplement patrouiller et veiller d'un peu plus près ! La prévention, ça coûte, ma bonne dame.
Une bête question d'argent. Et d'une plus grande confiance dans les machines que dans l'humain.

Et puis un peu de sécurité ça ne peut pas faire de mal en ces temps incertains et si mouvants.
Des fois qu'il y en ait d'autres qui se trouvent l'envie de battre le pavé....
Dictateurs de tous les pays, unissons nous pour nettoyer Internet au Karcher.

Ce n'est pas anodin si 1984 et V pour Vendetta se passent en Angleterre. Un pays si tranquille. Si policé.
Réfléchissez.
Résistance !!!!!!


12 août 2011

Incendies et Pyromanes

C'est chouette la vie.
Celle de grand de la finance plus que celle de petit voyou de Tottenham.
On peut jouer à plein de trucs excitants au possible.
La Roulette Russe.
Les Montagnes Russes aussi.
Un jour c'est la fin du monde, un autre on est sauvés et tout va bien.
Un jour on a besoin d'aide et d'assistance, un autre on impose sa loi du plus fort à ce monde de fourmis.
Un jour on brûle des centaines de milliards d'Euros juste pour rire (à moins que ce ne soit pour pleurer ?), un autre on ramasse un petit pactole, ni vu ni connu. Et après sans doute, on se servira une petite coupe de champagne (ou deux barriques) et une petite prime-bonus bien méritée.

Alors que le hooligan de Hackney, lui il a pas grand' chose à dire et encore moins à faire.
C'est parce qu'il est malade sans doute.
Il a en lui ce cancer de la société du troisième millénaire qu'est la pauvreté. Pas intellectuelle, culturelle (ou peut être, mais peut on le lui reprocher ?). Juste la pauvreté tout court.
Et pas d'horizon, pas d'espoir, pas d'ambition ni d'envie.
Alors il s'occupe comme il peut et quand il pète un plomb il brûle des voitures, des magasins et des immeubles.
Je dis pas que c'est bien.

Mais que le bon peuple qui se lève tôt et travaille se rassure : le jeune encagoulé voleur de Ipad et de bières ne restera pas impuni. On l'attrapera, c'est promis juré. On le jugera. Et on lui fera passer le goût de la bière pas chère. Non mais. On légifèrera même pour allonger la possible durée de sa peine. On enverra l'armée. C'est important de rétablir l'ordre public.
Et on ira même jusqu'à débloquer des fonds pour tout réparer.
Pas pour remettre à flot les services sociaux et de police de proximité qui ont subi des coupes franches et massives pour sauver le pays.
Faut pas déconner tout de même. "C'est pas avec des murs d'argent qu'on résout les problèmes" a dit ce brillantissime Premier Ministre qui a même été jusqu'à écourté ses vacances (comme il l'avait fait de son voyage en Afrique quand ça sentait un peu la merde dans son arrière-cour avec les histoires nauséabondes de News of the World de son pote et généreux donateur Murdoch).

Je critique pas le côté Farce.

A peine.

Parce que si on doit emprisonner des sales terroristes en herbe pour le port de la cagoule, pourquoi on ne fait rien pour ceux qui portent des cravates, crament des centaines de milliards, foutent l'économie en miettes et envoient des milliers de gens dans la rue ?...

Je me demande

10 août 2011

Panique sa Mère

On vous l'avait dit et pourtant vous n'avez pas voulu nous croire.
Comme des gentils moutons vous êtes restés au bord de l'eau et n'avez pas été vous planquer quelque part ni même dans votre agence bancaire locale pour vider tous vos comptes et en mettre le contenu à l'abri.
Et voilà : c'est la panique à Wall Street et partout dans le monde rutilant et flamboyant de la haute finance et l'économie du troisième millénaire.
C'est la Cata et ça flambe même à la City et dans les rues avoisinantes.

Rassurez-vous : ce ne sont pas les gentils cols blancs traders qui foutent le feu, mais seulement des méchants voyous assoiffés de sang et de pognon qui cassent tout et veulent foutre le souk. Des pauvres. Des pirates. Des inconscients de l'ultra gauche violente.
Rassurez-vous aussi, la police, l'armée et la Fed' ont les choses bien en main. Elles vont d'ailleurs mettre ladite main au panier pour soutenir les bourses flageolantes...
Il n'y a guère de doute que dans quelques temps, les cours vont revenir à leur niveau croustillant et que les joueurs vont ramasser le pactole... pendant que les chômeurs iront plus nombreux rendre visite à Pôle Emploi ou se demander ce qu'est devenu le SAMU Social.
Comment ça je rigole et c'est mal ?
Il faut pas se moquer de ceux qui souffrent ?
Ni pisser sur les cons ?
Ah ben mince alors.

Mais en même temps, les bourses ne servent plus à grand chose ces derniers temps. Pas à ce qu'elles sont sensées être initialement. Des sources de financement pour les entreprises qui veulent se développer, voire démarrer.
Non non : c'est juste un immense terrain de jeu virtuel pour faire tourner de l'argent virtuel lui aussi et rapporter un max à ceux qui se contentent de faire tourner dans la plus grande opacité et liberté. Une arène sans foi ni loi que celle du plus fort et du plus impitoyable à spéculer sur tout et n'importe quoi.
J'exagère à peine.
N'empêche que le grand jeu du "même pas peur" est en passe de faire s'écrouler ce joyeux château de cartes et que ça ne me dérange pas.
Et dans leur immense intelligence, y en a même qui disent que c'est la fautes des politiques qui ont pas su résister à la chanson lancinante des groupes de pression...
Sans rire ?...

Vous allez dire que des pauuuuuvres investisseurs vont en souffrir et sauter, mais j'y crois plus.
Les capitalistes du troisième millénaire assument parfaitement leurs risques et leurs pertes : dès que la banque est sur le point de sauter, elle appelle à l'aide l'état et lui demande (gentiment mais fermement) de lui prêter de quoi tenir jusqu'à la prochaine prime-bonus-cadeau. Sans aucune promesse de réparer le mal ni encore moins d'éviter que ça se reproduise à l'avenir. Faut pas déconner.
Si si.

Mais si c'est les états qui déconnent eux, là c'est pas du tout la même chanson : on les note, on les engueule, on exige d'eux qu'ils se coltinent enfin des réformes dignes de ce noms et limitent leur train de vie de sénateur, voire de fonctionnaires surchargés de privilèges dignes d'un autre temps.

Il y a l'Islande à la rigueur. Mais on n'en parle pas. Parce que ça foutrait le désordre et risquerait de donner de bien mauvaises idées au monde. L'Islande où le mauvais peuple a voté. Au Référendum "voulez-vous bien filer votre pognon pour renflouer les banques anglaises qui ont fait n'importe quoi chez nous et sont à la ramasse ?", les islandais ont juste dit "Fume".
Et c'est marre.
Pas de troisième guerre mondiale, pas d'annexion de l'ile par le FMI, pas de plans de rigueur drastiques qui ne servent à rien.
Juste un volcan qui a toussé.
Mais la Banque Mondiale n'est pas sûre que cela soit corrélé avec ceci...

Pourquoi ça me fait marrer cette apocalyptique semaine qui fait sortir nos moutons dirigeants de leurs villégiatures dorées comme les loups apeurés du bois ?

8 août 2011

La fin du Monde

Comme tout le monde sait, la fin du monde c'est pour 2012.
D'ailleurs tout le monde s'y prépare ardemment.
Surtout le monde de la Finance et de l'Economie.
Vous vous rendez compte, les filles ?
C'EST LA FIN DU MONDE !!!
LA CATA
L'APOCALYPSE SELON SAINT WALL STREET
Résumons nous.
Les USA sont dégradés (et non pas bio-dégradables, hélas).
La Grèce est à jeter.
L'Italie n'est pas en forme.
L'Espagne c'est pas mieux.
Le Portugal on n'en parle pas.

Tout ça pour une histoire de dettes à la con qu'ils veulent pas payer.
Et si ils paient pas, là ça sera vraiment la Fin du Monde.
Disons d'un certain monde.
Celui de la Finance et des banques que certains états ont sauvées il y a quelques années à peine à grand renfort de milliards. Et tout ça sans la moindre compensation et encore moins nationalisation, bien sûr...
Et donc les banques françaises et allemandes (entre autres) elles veulent bien recevoir tout leur fric qu'elles ont gentiment prêtés à la Grèce à un taux défiant toute concurrence usurière...
Alors si ça rembourse pas c'est la cata !
C'est pour ça qu'il faut faire peur.
Au bon peuple.
Aux peuples de cons.
Pour qu'ils raquent.
Parce que aux US par exemple c'est le peuple qui va raquer (en services en moins), pas les riches. Ben non : ça ferait désordre tout de même !

Donc c'est la Fin du Monde selon Sainte Christine.

Et donc il faut "rassurer les marchés", leur "envoyer un signe"...
Ca me fait rire.
Si si.
Jaune.
Parce que la vraie question c'est "est-ce que le marchés ont vraiment envie d'être rassurés" ?
Est-ce que cette "panique à venir" ne profitera pas à quelques uns ?

Nooooooon ?
Les spéculateurs auraient donc un quelconque intérêt à ce foutoir ?
Ben oui, puisqu'ils spéculent. Sur les dettes souveraines comme sur le riz, le blé, le pétrole. Tout est bon pour faire du fric. C'est pour ça que ça existe les spéculateurs, pas pour faire la charité à des connauds qui n'ont pas de Rollex et ne savent pas manger à leur faim.
C'est pour ça que c'est pas grave qu'on reste en vacances. Qu'on lâche pas la crème solaire et les nus-pieds.
Ce qui compte c'est que ça chute et comme ça ils se ramasseront de superbes miettes et nous expliqueront gentiment qu'il nous faut fermer nos gueules et serrer nos ceintures.

Parce que, vous comprenez, les états sont impuissants devant les prédateurs du marché... Les pauvres états...
C'est étrange, parce que si un état terroriste à la con balançait un missile sur une ville de ces "états impuissants", ils sauraient automatiquement comment réagir. Ca s'appellerait une guerre et tous les feus de l'enfer se déchaineraient aussitôt sur le fou furieux impudent.
Mais la guerre économique ça ils savent pas trop comment répondre... Il faut dire qu'on leur a tellement appris à ne pas répondre au Marché. Ou alors en baissant la tête.
On nous a appris.
Peut être qu'ils pourrait réagir, pour protéger les peuples qui les ont élus, non ? Pour leur permettre de vivre décemment, avec un toit, un emploi, une fierté ?
Décider de dire non, de prévenir, de guérir... Légiférer...
Soyons fou !

Si vous êtes sages, demain (ou le mois prochain) je vous raconterai comment tout ce malheur est arrivé sur nos têtes innocentes et comment le Marché a arrêté de rendre le moindre service au monde, au vrai monde (et peut être même que je vous parlerai de pays étranges dont on ne parle peu en ce moment et qui s'appellent Islande, Irlande....)